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Terres agricoles

La France ne manque pas de terres : avec 28 millions d’hectares
, la surface agricole représente 52 % du territoire hexagonal. De quoi nourrir tout le monde en théorie, mais tous les territoires n’ont pas le même potentiel.

« Ce qu’il faut de terre à l’homme »

Ce titre d'un conte de l'écrivain russe Léon Tolstoï nous renvoie à une question existentielle : de quelle
avons-nous besoin pour nous nourrir ? Aujourd’hui en France, elle s’élève à environ 4 000 m² par personne en moyenne pour la population dans son ensemble
, mais avec des variations importantes en fonction du régime alimentaire (cf figure ci-dessous), des
et des pratiques agricoles (cf chapitre Impacts des pratiques agricoles).
Surface agricole nécessaire
pour nourrir une personne
Surface agricole nécessaire pour nourrir une personne
En regard, la surface agricole moyenne disponible par habitant dans l’hexagone est de 4 300 m²
. Il est donc théoriquement possible de nourrir tout le monde en France !

La surface ne fait pas tout

Pour un territoire donné, avoir une vaste surface agricole ne suffit pas, encore faut-il que les productions soient assez diversifiées pour couvrir les besoins alimentaires de la population et que les rendements soient suffisants. En comparant besoins et productions pour plusieurs grands groupes de cultures, on peut se faire une idée du
de ce territoire.
À l’échelle de la France, les
en différents produits sont globalement assez bons. Les principales dépendances aux importations concernent le soja, la viande de mouton et des produits plus exotiques (certains fruits, le riz, l’huile de palme)
. Ces importations représentent tout de même l’équivalent de 10 millions d’hectares (35% de la SAU hexagonale) tandis que nous exportons l’équivalent de 12,7 millions d’hectares de SAU (45%)
Si la production d’un territoire peut en théorie couvrir les besoins de la population, la réalité est toute autre, comme nous le verrons au chapitre suivant !

Le béton se la coule douce

Depuis 1981, environ deux millions d’hectares de terres agricoles ont été remplacées par des constructions humaines sur le territoire hexagonal
, c’est deux fois la superficie de la Gironde. Ces terres auraient pu nourrir cinq millions de personnes ! Les lotissements de maisons individuelles sont le principal moteur de l’artificialisation
. Il faut bien que les gens puissent se loger, vous direz-vous. Certes, mais l’artificialisation progresse trois fois plus vite que la population française et se produit à 70 % dans des zones sans tension sur le marché du logement
.
Chaque hectare de terre agricole qui disparaît dégrade de manière irréversible la capacité nourricière d’un territoire. Face aux incertitudes à venir sur le maintien des rendements actuels, ce n’est peut-être pas la meilleure des stratégies. En plus de ça, l’étalement urbain éloigne les habitants des commerces et des services. La dépendance à la voiture individuelle en est renforcée, une situation à risque au vu des contraintes prévues sur l’approvisionnement pétrolier. Pour ne rien gâcher, l'artificialisation des terres émet d’importantes quantités de CO2, elle augmente le risque d’inondation, limite le rechargement des nappes phréatiques et elle participe à la disparition de la biodiversité et des espaces verts.
Même dans un contexte de croissance économique et démographique, l’artificialisation des terres agricoles n’est pas une fatalité ! Les collectivités peuvent agir sur les bâtiments vacants et sous-occupés, réhabiliter les friches urbaines ou périurbaines, mais aussi rénover et densifier l’existant. Quant à la mise en place d’un cadre réglementaire protégeant les terres agricoles, les élus ont toutes les cartes en main (
,
,
,
, etc.)
Ils l'ont fait
La communauté urbaine Grand Poitiers
Ce territoire fait partie du programme territoires pilotes de sobriété foncière. Elle a mis en place plusieurs actions pour faire face à des besoins en logements croissants tout en maîtrisant l’artificialisation.

Des sols en mauvais état

Si les terres agricoles déclinent en superficie, leur profondeur n’est pas en reste ! Plus d’un quart des sols en France affichent ainsi une
supérieure à une tonne de terre par hectare et disparaissent ainsi plus rapidement qu’ils ne se forment par altération de la roche mère
.
Parcelle agricole soumise à l’érosion suite à de fortes pluies (Seine-Maritime)
Parcelle agricole soumise à l’érosion suite à de fortes pluies (Seine-Maritime)
Crédit: Thibault Lorin CC BY-NC-SA
A défaut d’avoir la quantité, nous avons sûrement la qualité se dira-t-on. Malheureusement, sur ce point-là, le constat n’est souvent pas meilleur. Résidus de pesticides, microparticules de plastiques, hydrocarbures, métaux lourds : de nombreuses pollutions diffuses touchent les sols agricoles et affectent leur productivité
. On estime par ailleurs à 40 % la part de terres arables déficitaires en matière organique
. Une situation peu réjouissante puisque cette matière organique favorise l’activité biologique des sols, la rétention et la libération progressive des nutriments, l’infiltration et le stockage des eaux pluviales, et donc le maintien de la fertilité des sols au cours du temps
.
Parcelle agricole soumise à l’érosion suite à de fortes pluies (Seine-Maritime)
Stocks de carbone organique dans les 30 premiers centimètres des sols de France métropolitaine en tonnes par hectare. Un sol peut être considéré comme déficitaire pour des valeurs inférieures à 50 tonnes par hectare (environ 2 % de matière organique)
. Les terres les plus pauvres sont les zones de grandes cultures et les régions viticoles.
Ils l'ont fait
France
Couverts végétaux, allongement des rotations, techniques culturales simplifiées… de nombreux agriculteurs mettent en place des pratiques permettant d’améliorer la qualité et la fertilité des sols, retrouvez leurs témoignages sur la plateforme OSAE de Solagro.
À retenir
  • À l’échelle de la France, nous avons suffisamment de terres agricoles pour nourrir la population, mais il se peut que ce ne soit pas le cas localement dans votre territoire, notamment si les productions ne sont pas assez diversifiées.
  • La surface nécessaire pour se nourrir dépend du régime alimentaire, des conditions pédoclimatiques et des pratiques agricoles.
  • Les terres agricoles et notre souveraineté alimentaire sont menacées par l’artificialisation, mais des solutions existent pour les protéger.
  • La qualité des sols est souvent problématique, mais les pratiques agroécologiques permettent de l’améliorer.