Menaces et enjeux pour la sécurité alimentaire en France
En France, comme dans la plupart des pays industrialisés, la
Un système fait pour produire, pas pour nourrir
Manger c’est toute une affaire !
L’industrialisation a bouleversé la façon dont nous produisons notre nourriture. Du champ à l’assiette, une multitude de machines, d’usines, de procédés industriels, de camions, de travailleurs et d’institutions interviennent et font tourner le système alimentaire. Derrière les produits les plus banals des grandes surfaces, se cache une organisation extrêmement complexe se déployant à l’échelle mondiale. C’est ce modèle agro-industriel qui aujourd’hui produit l’essentiel de la nourriture d’un pays comme la France.
Qui se paie au prix fort
La généralisation de ce modèle a permis en quelques décennies de réaliser des progrès indéniables en matière de productivité agricole. Jamais l’humanité n’a ainsi produit autant de nourriture. Pourtant, près de la moitié d’entre elle souffre de malnutrition. En cherchant à produire toujours plus à des coûts toujours plus faibles, le modèle agro-industriel se paye en réalité au prix fort. Les prix bas en supermarché ont pour revers une dégradation de la santé publique, la précarité de millions de travailleurs, et des dommages environnementaux d’ampleur planétaire.
Nuages à l’horizon
La fin d’une époque
D'ici une trentaine d'années, le niveau moyen d'humidité des sols correspondra aux records de sécheresse actuels dans plusieurs régions françaises. L’épuisement des énergies fossiles va directement réduire la disponibilité en engrais, en pesticides et en carburants tout en déstabilisant le système de transport. Il va nous falloir gérer à la fois une diminution tendancielle des rendements et la multiplication des situations de crise (événement climatique extrême, choc énergétique, crise économique...).
Pas de plan B !
Face à la mise sous tension croissante du modèle agro-industriel, nos vulnérabilités sont criantes. La population agricole ne cesse de décliner, la qualité des sols se dégrade, des dizaines de milliers d’hectares fertiles disparaissent sous le béton chaque année, notre système alimentaire est de plus en plus dépendant de transports longue distance, de chaînes de production mondialisées et de technologies complexes. Du côté des pouvoirs publics, la sécurité alimentaire n’est plus un sujet depuis longtemps et rien n’est prévu en cas de dysfonctionnement de la machine agro-industrielle.
Sans changement en profondeur, c’est bien notre sécurité alimentaire qui est en danger.
Changement de cap !
Les études scientifiques convergent : le système agricole et alimentaire doit profondément se transformer pour assurer durablement notre sécurité alimentaire, et gagner en résilience face aux chocs à venir. Il faut pour cela faire évoluer conjointement notre agriculture, notre consommation alimentaire, et nos circuits de transformation et distribution.
1/ Généraliser l'agroécologie
L'agroécologie repose sur trois grands principes. Réduire nos dépendances aux ressources dont la disponibilité est compromise (énergies fossiles, engrais minéraux, eau). Préserver les milieux (sols, eau, biodiversité) pour favoriser le renouvellement de la fertilité et la régulation des espèces indésirables. Diversifier les systèmes agricoles à tous les niveaux (génétique, productions, paysages) pour les rendre plus résilients face à des perturbations multiples et imprévisibles.
2/ Manger plus végétal
En France, la moitié des terres arables sert à produire des plantes qui vont nourrir des animaux. Le rendement en termes de calories est bien plus faible que si ces terres étaient cultivées directement pour l’alimentation humaine. Réduire la consommation d’aliments d’origine animale et réserver les terres arables pour des cultures directement comestibles est notre principal levier pour maintenir la disponibilité alimentaire malgré les baisses de rendements à venir.
3/ Réduire les distances
Aujourd’hui, la quasi-totalité de la production agricole d’un département français est exportée tandis que la quasi-totalité de la nourriture consommée par ses habitants est importée. Ce système repose sur un flux continu de camions transportant les matières agricoles brutes et les produits transformés.
Sans pétrole abondant, cette organisation ne tient plus. Il est donc nécessaire de développer l'autonomie alimentaire des territoires en reconstruisant des filières en circuits courts et de proximité pour les produits alimentaires de base.
Agir maintenant, et à toutes les échelles territoriales
La transformation de notre système alimentaire implique a fortiori des changements à l'échelle européenne et nationale.
Mais elle doit également se déployer dans les territoires sans attendre, en particulier via les Projets Alimentaires Territoriaux (PAT) qui permettent de porter des politiques alimentaires locales et de décliner les projets et plan d'action associés.
Ex : commune, code postal, intercommunalité, région...