Accessibilité de l'alimentation

Produire, on sait faire. Mais ce n’est pas parce que la nourriture est disponible, qu’elle est accessible Ă  tous. Elle peut ĂȘtre trop chĂšre, Ă©loignĂ©e gĂ©ographiquement, ou ne pas correspondre aux habitudes et prĂ©fĂ©rences alimentaires. En rĂ©alitĂ©, l’accĂšs Ă  l’alimentation est marquĂ©, en France comme ailleurs, par de profondes inĂ©galitĂ©s. L’
n’a pas disparu, au contraire, elle progresse.

Plus de deux Français sur dix n’ont pas les moyens de bien manger

A l’instar d’autres pays occidentaux, un nombre croissant de citoyens français sont en situation de prĂ©caritĂ© alimentaire. C'est-Ă -dire qu’ils rencontrent rĂ©guliĂšrement des difficultĂ©s pour s’alimenter : nourriture insuffisante, de mauvaise qualitĂ©, choix contraint. Le recours Ă  l’aide alimentaire a ainsi presque doublĂ© en dix ans et concerne aujourd’hui plus de cinq millions de personnes en France
. Et c’est sans compter le nombre de personnes qui, sans recourir Ă  l’aide alimentaire, se contraignent dans leur alimentation. Difficile d’avoir des chiffres prĂ©cis mais on estime qu’entre 15 et 30 % des Français ne mangent pas autant qu’ils le voudraient pour des raisons financiĂšres, et qu’entre 40 et 60 % se restreignent sur la qualitĂ© des produits
.
Quelle est la situation sur votre territoire ?
Focus sur votre territoire
Carte de la précarité alimentaire
Niveau de risque de précarité alimentaire
  • TrĂšs bas
  • Bas
  • Moyen
  • ElevĂ©
  • TrĂšs Ă©levĂ©

L’insĂ©curitĂ© alimentaire s’accroĂźt en pĂ©riode de crise

Cette situation de prĂ©caritĂ© alimentaire est d’autant plus prĂ©occupante qu’elle peut rapidement s'aggraver en pĂ©riode de crise. Ainsi a-t-on observĂ© durant la pandĂ©mie de Covid-19 une hausse de 10 % des volumes de nourriture distribuĂ©s par les associations d’aide alimentaire
(qui, rappelons-le, n’est que la partie la plus visible de la prĂ©caritĂ© alimentaire). En cause notamment, la perte de revenu pour de nombreuses personnes du fait de la crise sanitaire.
MĂȘme constat en 2022 dans un contexte de forte inflation. L’augmentation des prix de la nourriture a atteint 15 % et s’est accompagnĂ©e d’une hausse de 30 % de la prĂ©caritĂ© alimentaire
.
Le risque que des crises semblables ou plus graves surviennent dans les annĂ©es Ă  venir se renforce Ă  mesure que les ressources stratĂ©giques (Ă©nergies fossiles, matiĂšres premiĂšres) se rarĂ©fient, que le dĂ©rĂšglement climatique s’intensifie et que les tensions gĂ©opolitiques et sociales se multiplient.

En voiture tout le monde !

Pour de nombreux français, un vĂ©hicule en panne peut rapidement se transformer en jeĂ»ne forcĂ©. L’étalement urbain et le dĂ©veloppement des supermarchĂ©s ont eu raison de la plupart des petits commerces alimentaires. Leur nombre a Ă©tĂ© divisĂ© par quatre depuis 1950
et aujourd’hui, sept communes sur dix ne disposent plus d’aucun magasin d’alimentation gĂ©nĂ©rale
. RĂ©sultat, les dĂ©placements des consommateurs pour leurs achats alimentaires sont rĂ©alisĂ©s Ă  90 % en voiture et s’élĂšvent en moyenne Ă  plus de 60 kilomĂštres par semaine pour un foyer de trois personnes
.
Dans un monde oĂč le pĂ©trole devient une ressource rare, les commerces alimentaires de proximitĂ© vont de nouveau ĂȘtre les meilleurs amis du garde-manger.
Et sur votre territoire, la voiture est-elle indispensable ?
Focus sur votre territoire
30
%
de la population du territoire est théoriquement dépendante de la voiture pour faire ses courses alimentaires.

Garantir Ă  tous une alimentation saine et durable : la sĂ©curitĂ© sociale de l’alimentation

Que plus d’une personne sur cinq n’ait pas les moyens de manger correctement en France, septiĂšme puissance mondiale, pays de la gastronomie et forte d’une agriculture moderne et productive devrait nous interpeller. MalgrĂ© l’engagement des bĂ©nĂ©voles, l’aide alimentaire montre ses limites, que ce soit au niveau de la qualitĂ© des produits disponibles (souvent des invendus de la grande distribution) ou de sa capacitĂ© Ă  toucher tous les publics concernĂ©s par l’insĂ©curitĂ© alimentaire. Pourtant il n’y a lĂ  aucune fatalitĂ©, notre pays est tout Ă  fait capable de garantir un vĂ©ritable droit Ă  l’alimentation Ă  l’ensemble de ces citoyens.
Dans cette perspective, la crĂ©ation d’une sĂ©curitĂ© sociale de l’alimentation constitue un projet Ă  la hauteur des enjeux. Le principe est simple : il consiste Ă  octroyer Ă  chaque citoyen un budget mensuel (par exemple 150 euros) consacrĂ© Ă  l’achat de produits alimentaires conventionnĂ©s. Les critĂšres de conventionnement des produits et leur prix de vente (prix plafond et plancher) seraient choisis par une ou plusieurs instances dĂ©mocratiques reprĂ©sentatives.
En crĂ©ant un marchĂ© dĂ©diĂ© Ă  prix encadrĂ©s, protĂ©gĂ© de la concurrence internationale par son cĂŽtĂ© captif, un tel systĂšme offre des dĂ©bouchĂ©s massifs et sĂ©curisĂ©s aux produits issus de l’agroĂ©cologie et permet Ă  de nombreux producteurs de s’engager dans une transformation de leur systĂšme. Il garantit en parallĂšle un accĂšs universel Ă  une alimentation choisie, saine et durable. Ce faisant, la sĂ©curitĂ© sociale de l’alimentation propose une rĂ©ponse globale pour dĂ©passer les obstacles qui empĂȘchent la transformation du modĂšle actuel.
Ils l'ont fait
Montpellier
Ce territoire a lancé depuis 2023 une des premiÚres expérimentations de caisse commune alimentaire du pays. 450 habitants cotisent en fonction de leurs moyens et reçoivent 100 euros par mois pour acheter des produits alimentaires dans des lieux décidés collectivement.
De nombreuses initiatives se lancent partout en France. Et chez vous ?
Focus sur votre territoire
Pour le savoir, consultez la carte des initiatives locales  !
Et pour en apprendre plus sur la sĂ©curitĂ© sociale de l’alimentation, regardez le site du Collectif pour une sĂ©curitĂ© sociale de l’alimentation .
Carte Vitalim
À retenir
  • MalgrĂ© une production de nourriture largement suffisante dans notre pays, environ cinq millions de Français ont recours Ă  l’aide alimentaire.
  • Cette partie la plus visible de la prĂ©caritĂ© alimentaire ne permet pas de mesurer l’ampleur du phĂ©nomĂšne. On estime que 15 Ă  30 % des Français se restreignent dans leur alimentation pour des raisons financiĂšres.
  • Les crises rĂ©centes ont aggravĂ© la prĂ©caritĂ© alimentaire, cela doit nous alerter face aux risques de perturbations futures.
  • Dans certains territoires, il est difficile de faire ses courses sans voiture. Une situation problĂ©matique face aux incertitudes pesant sur l’approvisionnement en pĂ©trole du pays dans les annĂ©es Ă  venir.
  • La mise en place d’une SĂ©curitĂ© Sociale de l‘Alimentation est une rĂ©ponse globale aux problĂšmes de prĂ©caritĂ© alimentaire et Ă  la nĂ©cessitĂ© de transformer nos modes de production de nourriture.